Lorsqu’on te demande de parler de ta famille, tu trouves cela très compliqué. En même temps tes géniteurs ne sont pas vraiment un exemple de figures parentales … Mais par où commencer ? Par le commencement, tiens, ce serait beaucoup plus simple. Néanmoins tu as toujours du mal à aborder le sujet. Tout d’abord il y avait ton géniteur, ton père biologique … Tu ne l’as connu que durant deux longues années, mais de ce qu’on t’avait dit de lui il n’était pas un homme de bonne compagnie. Il avait l’alcool violent, buvait plus souvent qu’à son tour et se défoulait bien souvent sur ta génitrice. Ta mère biologique ne faisait rien pour te protéger. Tu n’avais aucun souvenir de cette période-là, étant bien trop jeune pour en retenir quoique ce soit. Tu savais seulement ce que tu avais pu grappiller auprès des services sociaux qui t’avaient pris en charge dès que les voisins de l’époque se rendirent compte de ta situation. Tu restas longuement entre les mains du système, dans un établissement spécialisé pour les enfants ayant un passé difficile comme le tien, avant d’être adoptée par un couple de jeunes gens incapable d’avoir un enfant naturellement. En couple depuis plus de six ans, mariés depuis quatre, William et Maggie – qui n’était autre que le diminutif de Margareth, prénom que ta mère adoptive détestait – ne parvenaient à concevoir une vie nouvelle et mourraient pourtant d’envie de fonder une famille. Ils avaient donc jeté leur dévolu sur ta jolie tête blonde et tes grands yeux en amandes.
Tu ne t’opposas point à l’adoption. En même temps du haut de tes deux ans et demi, presque trois, tu n’avais pas grand-chose à dire à ce sujet et désirais juste connaître ce que pouvait être l’amour parental. Et autant le dire tout de suite, tu n’avais pas été à plaindre de ce côté-là durant les années qui suivirent. William, bien qu’un brin bourru, était un père réellement attentionné et aimant ; il était assez maladroit en ce qui concernait les sentiments mais il faisait tout de même des efforts énormes quand il était question de toi. Il prenait le temps de te lire une histoire le soir, il te bordait et il se levait la nuit lorsque tu faisais des cauchemars. Maggie, elle, était une maman poule.

On ne t’avait jamais caché tes origines, on ne t’avait jamais caché le fait que tu avais été adoptée. Mais tu ne t’en étais jamais sentie moins aimée ; Roosvelt n’était certes pas le nom que tu avais reçu à ta naissance, mais ces gens que tu n’avais pas hésité à appeler ‘’Papa’’ et ‘’Maman’’ t’avaient accueillis les bras ouverts au sein de leur foyer. Sous prétexte que tu n’étais pas leur fille génétiquement parlant, ils n’avaient pas refusé que tu entres dans leur vie. Et tu leur en seras éternellement reconnaissante. Ils t’avaient offert une famille et un avenir ; tu n’avais jamais su comment les remercier suffisamment pour tous ce qu’ils avaient fait pour toi. Et encore aujourd’hui il n’était pas rare que tu te poses la question.
Enfin, revenons-en à nos moutons et donc ton passé en l’occurrence. Tu n’avais jamais eu à te plaindre ; ton père était toujours présent lorsque tu avais besoin de lui et ta mère était toujours très tendre avec toi. Tu étais enfant unique au sein du foyer Roosvelt, ce qui te posa quelques problèmes lorsque tu fus en âge d’entrer à l’école ; le partage était pour toi un concept très abstrait et tu eus énormément de mal à tolérer le fait que tu ne sois pas la seule enfant présente en classe. Cependant tu ne mis pas longtemps à mettre fin aux crises de nerfs lorsqu’on t’ôtait un jouet et tu te fis même quelques petits amis. Tu grandis donc avec le même groupe de camarades autour de toi, Beacon Hills n’étant pas la ville la plus peuplée de Californie. Elève moyenne, ta scolarité se déroula sans trop d’accrocs, à l’exception prête que tes camarades ne tardèrent pas à s’éloigner de toi lorsque vous atteignirent l’adolescence. Tes camarades avaient dus se rendre compte que tu étais de nature réservée et peu sûre de toi, ce qui avait dus les faire fuir, vraisemblablement. Enfin, ce n’était pas comme si cela te dérangeait vraiment dans le fond ; tu n’étais pas très sociable et tu préférais avoir peu d’amis, mais de très bons amis.

En somme, tu avais mené jusque-là une vie peu trépidante et fort peu intéressante ; des milliers d’adolescents devaient vivre comme toi, à ingérer un nombre incalculable de séries plutôt que de sortir avec de potentiels amis. Et tu t’attendais à une vivre comme celle-ci jusqu’à la fin de tes jours ; tu n’avais qu’à finir tes études, trouver un travail et probablement un mari pour fonder une famille. Ah … Si seulement tu savais à quel point tu avais tort.