Ma nuit avait été des plus blanches, tout avait commencé par une simple soirée tranquille devant un grand écran, je ne saurai dire pourquoi j’avais fini par rentrer dans ce cinéma, l’ennui ? L’envie de solitude ? Ou simplement une forte envie de ne croiser personne. Quoi qu’il en soit, je me retrouvais là devant ce film sans grande surprise, c’est bien le souci avec les super-héros, on les connaît si bien qu’on s’attend toujours à ce qui va se passer. A la fin du film, j’avais pris la route du loft, sauf que voilà mes pas m’avaient finalement conduit dans les bois, il avait fallu qu’une odeur m’interpelle et que ma curiosité soit plus forte que mon envie de me coucher.  Et voilà comment je me retrouvais à courir dans les bois. Tuer ou mourir, voilà des options particulièrement joviales que je n’avais pas prévu ce soir mais qui devenaient régulières quand on vit dans cette ville. Souffrir ou faire souffrir, encore un choix bien particulier, une option obligatoire aux vues d’un cœur haletant qui se mit à courir après moi, voilà une vie que je commençais à ne connaitre que trop bien. La probabilité que je venais de débusquer un chasseur ou l’inverse lors de ma balade nocturne était de cent pour cent. Le problème était simple, je ne tuais pas ces derniers à moins de vouloir tremper dans de nouveaux problèmes et des soucis j’en avais ma dose.

J’aurai pu le semer au moins quinze fois si ma curiosité n’était pas un de mes plus vilains défauts en ce moment. Non mais franchement, on me l’avait jamais faite celle-là. Être Chassé, ok, je l’avais souvent été en jouant ou déjouant ces derniers, je l’avais aussi fait à foison. Mais être chassé par une belle brune entièrement vêtue de cuir dans le genre catwoman, c’était bien une grande première. J’aurai adoré m’arrêter pour la questionner sur sa santé mentale, mais le souci était simplement au bout de sa main. Une arbalète tout ce qu’il y avait de plus moderne et sans aucun doute des plus malléables allait vite mettre un terme à notre débat sur le cuir et sur tout ce qu’on pourrait en faire.

Après quelques minutes je fis le choix de tourner vers ce qui semblait découler sur une prochaine clairière et une rivière, avec un peu de chance l’état du terrain me donnerait l’avantage en tombant sur un affluant assez large pour annuler l’usage de l’arme aux fléchettes.  Pourquoi cette ville attirait tous les fondus de la gâchette en ce moment ?

J’allais arriver à la rizière opposée de la clairière quand le soleil naissant posa ses premiers rayons dans mon dos, c’est donc armé d’un sourire satisfait d’un combat rudement mené avec cette drôle de Buffy que je plantai mon regard sur elle faisant demi-tour. L’odeur de fumée qui venait dans mes narines me fit plisser les yeux, les humains sont vraiment pénibles, quelle idée de venir ici dans cette ville avec ces attaques si médiatisées et de se mettre à camper. Enfin ce qui était à présent certain c’est qu’au loin un feu de camp avait pris et quelques brides de musique claironnaient dans l’air.

Devais-je changer de direction, les laisser à leur sort sachant ce qui adviendrait avec cette guerre chasseurs et loup qui se jouait dans le coin ? Ou leur coller la frousse et les chasser moi-même de là ? Il semblait évident que sous peu cette fête attirerait plus d’un monstre, je plantai mon regard dans la pleine lune mourante et le soleil encore pale de l’aurore, tout en essorant mon tee-shirt encore humide de ma traversée. Devais-je m’en tenir à là, à cette victoire et au fait que j’avais semé Buffy ou …. Me rendre vers ce feu de camp de condamnés  sachant que j’avais sentis plusieurs odeurs de loups dans les parages ?

« Hey ! Tu comptes courir jusqu’à où comme ça ?! »

J’avais à peine fait quelques pas quand une voix essoufflée mais calme me sortit soudainement de mes pensées, je tournai le regard et ralentis quelques secondes, avant de me placer près d’un tronc assez large pour assurer mes arrières, je n’étais pas du genre frileux face à la douleur, mais si je pouvais pour une fois rentrer chez moi sans coller du sang partout ça ne serait pas du luxe.

« C’est un point de vue, mais je pense courir jusqu’à ce que tu en ai suffisamment marre, ou alors tu ranges ton jouet et je range mes crocs, ensuite on échange nos numéros et on se refait ça un soir où j’ai rien à faire ? » Non mais là franchement, ça touchait le ridicule, elle était armée jusqu’aux dents, elle voulait surement ma peau pour en faire un bon tapis de chevet et me demander combien de temps je comptais sauver ma peau ou simplement la sienne. « Ecoute Buffy, tu as misé sur le mauvais lièvre, si tu as envie de chasser vas plutôt voir là-bas, il y a un buffet de chaud qui ne demande pas mieux qu’être refroidis par certains… » J’indiquai de la main le halo de lumière produit sur la colline voisine. « Tu vas tuer les vrais monstres qui comptent prendre un petit déjeuner ou je dois m’en occuper à ta place ? » Je m’avançai, fin prêt à bondir au cas où cette dernière dirigeait son arme vers moi. « N’empêche que t’as du mordant, chapeau, pas un chasseur ne m’a suivi aussi longtemps ! » Fini-je avec un sourire amical.

On se toisa un moment puis elle me fit signe de partir alors que d’autres approchaient. Je fis donc un détour par le feu de camp pour n’y trouver qu’un camp vidé à la hâte. C’est donc avec le jour que je rentrai au loft et me glissai enfin sous une douche chaude et ma couette. J’avais à peine dormis deux heures que je fus réveillé par l’interphone.  Ça ne pouvait pas être Peter, si ce dernier aimait passer sa vie à pourrir la mienne en restant tout le temps ici, le matin, il préférait bizarrement son appartement.  Quant au scoubidou gang il était en cours. Je passai donc des vêtements en attendant que l’importun montre le bout de son nez. Il ne fallut pas longtemps au livreur pour me tendre un paquet et sortir son stylo.

« Vous est bien Miguel Hale, merci de signer ici et ici. » Me dit-il en me tendant un papier et son crayon.  Je sous-pesai le paquet, qui se mit à vibrer de manière suspecte.

J’allais l’envoyer bouler quand une odeur s’insinua dans le couloir... *Ok là je vais le découpé en morceau.*

Certains jours c’est vraiment compliqué de se modérer, surtout quand un petit con vous fait livrer des gadgets vibrants de bon matin et que vous n’avez dormis que deux fichues heures de rien du tout. Non franchement certains jours aussi risible puisse être ce mec par moments, c’est vraiment compliqué de ne pas vouloir l’empaffer contre le premier mur à ma portée. Je pense sincèrement que c’est l’humain le plus pénible, je sais que l’adolescence fait de nous tous des abrutis sur bien des points, mais lui avait décroché l’accès v.i.p dans la matière. Le regard du livreur satisfait de me tirer du lit de si bonne heure et de surcroît armé d’un côté suffisant qui laissait entendre qu’il n’était pas du tout ignorant du contenu alors qu’il demandait à Miguel de signer me donnait encore plus envie de lui faire ravaler son sourire en coin. Mais visiblement ce dernier avait lui aussi décidé d’être présent à la parodie et affichait un certain empressement, ce qui ne manqua pas de me satisfaire sur le moment.

Non mais franchement, Miguel, comme si la première fois n’avait pas suffit, voilà qu’il remettait le couvert, d’un seul coup je devais fournir un effort encore plus vivace pour ne pas laisser parler mon envie matinale.

Le paquet dans une main et le crayon dans l’autre, je restai un moment inflexible avant de sentir ce dernier craquer et tomber en miette sur le sol déversant son encre noire dans ma paume.

« Pardon ils ne sont pas bien solides, tenez. » Dit-il en s’empressant de me tendre un nouveau stylo, son visage amusé complètement décomposé en regardant les miettes de son défunt crayon à nos pieds.

Je signai d’un X dans les deux cadres et l’homme ne releva pas et ne demanda pas son reste pour disparaitre et nous laisser Stilles et moi dans le couloir. Le bruit continu et les vibrations dans la boite étaient à la limite de l’agacement, mais la satisfaction soudaine de le coller le nez dans sa connerie me fit légèrement sourire. Alors que mes mains maintenaient fermement le collie et que les siennes vinrent tenter de le libérer.

« Euhh... je suppose que ça veut dire que tu es en colère... ?? »

Mes yeux passèrent de son visage au paquet sans rien dire alors qu’il bredouillait quelques explications. D’un geste brusque je libérai sa prise et me détournai pour me diriger dans la cuisine sans prendre la peine de fermer la porte derrière moi, lui laissant tout loisir de me voir m’éloigner avec sa commande.

« Entre donc mon cher cousin. » Dis-je tout en appuyant sur la machine à café qui se mit à vibrer alors que je m’adossais au comptoir en laissant pousser une griffe pour déchirer le scotch doucement, une odeur d’huile végétale et de latex me monta aux narines alors que le tamtam un peu plus rapide de l’adolescent chantait dans mes oreilles satisfaites.

« Quelque chose me dis que tu n’as pas commandé la dernière console vidéo à la mode, pas vrai ? » Lui lançais-je tout en posant le regard sur lui et plus sur mon doigt qui finissait sa course lente sur l’emballage qui à présent ouvert émettait encore plus fort son bruit de vibration.

Deux semaines que je jouais les fantômes, je voyageais au gré de mes humeurs et évitais soigneusement de faire parler de moi. A ce petit jeu, j’avais toujours été un champion, je ne restais jamais plus d’une journée dans un même coin, je voyageais sans aucune logique et tachais de ne jamais me rendre chez des personnes de connaissances communes avec ceux qui pourraient tenter de me retrouver. J’avais besoin de me faire oublier et surtout d’oublier tout ce qui s’était passé ces derniers temps. Pour se faire j’avais laissé mon téléphone au placard et arboré un simple Pullover à capuche et un jean. Jouant les humains, évitant avec soin les lieux bondés dès que le jour pointait son nez et les chérissant la nuit. Prenant le temps de jouer les touristes, j’avais ainsi traîné mes guêtres aux quatre coins de la Californie. J’avais pour la première fois de ma vie pris le temps de regarder le paysage, les architectures, tout ce qui en temps normal n’avait aucune espèce d’importance à mes yeux , j’avais même élu domicile un temps dans une cabane de yellow stone, mais peu à peu ma vie me rattrapait et les souvenirs du passé, de ma famille, de ces gamins étaient de plus en plus présent , me volaient mon sommeil, m’interdisant le repos que je cherchais et que quelque part eux-mêmes n’avaient jamais trouvé, c’est à Los-Angeles que j’eus le droit au plus de mauvaises nuits avec la pleine lune qui me tiraillait de surcroit, en somme j’avais l’impression de devenir dingue et que le monde qui m’avait vu grandir l’était de plus en plus lui-même, j’avais fini par revenir à Beacon Hills une nuit et avais croisé cette drôle de chasseuse, moi qui voulais de la normalité, qui avais tout fait pour cela était visiblement voué à ne pas en trouver, c’est résigné que j’avais fini par rentrer au loft, tombant à mon réveil sur le plus humain de nos habitants et le plus pénible aussi. Si jusque-là je n’avais pas croisé une seule fois un membre de la nouvelle meute de Scott ou même un chasseur, mon retour m’avait fait l’effet d’une bombe, puisqu’en quelques heures, j’avais eu le droit aux deux.

Je regrettais mes deux dernières semaines où j’étais passé de ville en ville, usant de quelques connaissances pour me loger, inconnues à ceux de Beacon Hills. J’avais même élu domicile dans un bateau sur les quais de San Diégo, dans une arrière chambre sans saveur d’un bordel de loups-Garous à San-Francisco. Sa propriétaire était une veille amie de Laura. J’avais donc eu tout le loisir de dormir trois nuits. Evidemment, tous mes efforts ne vaquaient jamais, les souvenirs et la culpabilité de laisser la ville aux prises d’un jeune alpha encore novice. Bref tout cela pour dire que j’avais pourtant tout fait pour ne plus penser à tout cela, oublier Erica et les autres, mais ça n’avait servi à rien. J’étais là, le paquet dans les mains face à Stiles armé d’arguments et une envie étonnante de le faire tourner chèvre. Si extérieurement je montrais une grande lassitude de la situation, intérieurement ce moment était des plus amusants. Il me ramenait quelques années plus tôt, je n’avais pas encore perdu Paige, en ce temps la vie était bien plus simple et tout était sujet à l’amusement. Mon oncle Peter avait déjà réponse à tout. Laura avait de travers le fait qu’il avait ruiné sa toute nouvelle idylle avec un jeune béta de la meute d’Ennis. De mon côté j’en pouvais plus de le voir se mêler de nos vies à tout bout de champ. Bon il pouvait être agréable parfois, mais la plupart de temps, il ne nous apportait que des rides et des problèmes. Noël venu on avait fait une collecte entre nous, mes cousins, ma sœur et moi avions tout mis en place, le paquet une fois sous le sapin se fondait dans le décor comme les autres, si ce n’est qu’il était le seul à porter le nom de Peter. Je n’avais aucun mal à imaginer la tête de Scott avec ces quelques jouets aillant par la passé eu le plaisir de voir celle de Peter se démonter.
Je glissai ma main dans la boite et en sorti le canard marron, armé d’un duvet sur le pourtour de son cou et d’une queue bien agité que je bloquai du pouce avant de le faire glisser sur le plan de la cuisine vers lui.

« T’as assortis la couleur à ses yeux ? » Je poussai en suivant le colis vers lui avant de glisser ma main dans ma poche et d’en sortir un billet de vingt dollars plié que je lui tendis. « Tiens voilà, ma petite participation. »